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Les médicaments sont le miracle de notre époque pour gérer plein de troubles de santé mentale. Je le dis avec du sarcasme, mais les médicaments peuvent, pour plusieurs, être une façon d’améliorer leur qualité de vie. Je ne peux pas parler pour les autres, mais je veux vous partager mon expérience.

Le commencement

J’ai commencé la médicamentation pour le TDAH depuis un an. Je prends du méthylphénidate 18mg (soit la dose la plus faible pour un adulte). Il s’agit de la même molécule que le concerta (je prends le générique, moins chère). J’ai décidé de commencer ce médicament plusieurs mois après avoir eu mon diagnostic de HPI et de TDAH. Ma neuropsychologue m’avait recommandé, dans mon cas de double exceptionnalité, de commencer par une petite dose. J’ai hésité plusieurs mois avant, mais je me rappelle qu’elle m’avait dit que je ne perdais rien à essayer. En effet, le médicament est inoffensif. Je peux l’essayer et si je n’aime pas ça, arrêter. Je me suis donc lancé avec plusieurs craintes. J’avais l’impression que prendre un médicament, c’était admettre que je n’étais pas fonctionnel sans médicament.

Au début, j’ai commencé avec le 18 mg. Il faut l’essayer une ou plusieurs semaines et par la suite monter la dose. L’objectif est de graduellement s’habituer et s’arrêter une fois que le patient trouve la dose qui lui convient. Bien sûr, il peut être nécessaire de changer de molécule, mais dans mon cas j’ai été chanceux. Mes premières semaines avec le 18 mg se sont super bien déroulées. J’ai donc poursuivi avec le 27mg. J’étais déjà satisfait avec le 18mg, mais j’étais curieux d’essayer le 27mg. Cela m’a vraiment assommé. Je n’ai visiblement pas une grande tolérance au médicament. Je me rappelle d’avoir pris une marche et de m’être senti très relaxe. J’avais la tête vide, limite étourdie, et je ne parlais pas du tout. Juste marcher était suffisant pour mon attention. Je suppose que si j’avais poursuivi avec le 27mg, je me serais habitué. J’ai décidé de rester avec le 18mg parce que je voyais déjà du progrès. Dans mon cas, une petite dose suffit. Il faut aussi savoir que j’ai un TDAH léger et donc ça impacte la dose.

Une pilule chaque matin

Après avoir (rapidement) trouvé ma dose, j’ai décidé de la prendre en continu. J’ai donc pris un médicament chaque matin pendant plusieurs mois. Je n’étais pas obligé de procéder ainsi. Je pouvais le prendre seulement lorsque j’en sentais le besoin, mais au début j’aimais beaucoup ce que ça m’apportait. Tout d’abord, l’effet ciblé sur l’attention et l’hyperactivité est remarquable. Avec le médicament, j’ai plus de facilité à me concentrer et à maintenir cette attention ciblée très longtemps. À l’école, je suis capable d’écouter un cours sans le déranger. Cela peut sembler banal, mais toute ma vie, si je ne pratiquais pas un sport avant d’aller à un cours, j’étais plutôt turbulent. Un jour, j’ai eu une réalisation qui m’a vraiment surpris. J’étais rendu à ma 3e semaine de cours de la session et je me suis surpris à dessiner dans mon cahier au lieu d’écouter. Cela peut sembler anodin, mais c’était mon premier dessin de la session. Normalement, j’ai des dessins à toutes les pages, de tous mes cahiers, dans tous mes cours dès la première semaine. C’était le premier dessin après 3 semaines. Ce fut une réalisation nette pour moi. Sans aucun doute, j’ai davantage d’attention ciblée avec mes médicaments. Je veux dire par là que je peux me concentrer sur ce que je souhaite et négliger plus facilement les stimuli externes. Parfois, trop facilement. En effet, le médicament peut aussi me causer des hyperfocus, ce qui peut être déplaisant dans certains contextes. Par exemple, si je joue à des jeux vidéo pendant que je suis médicamenté. Je peux être tellement concentré que j’en oublie le temps. Ensuite, je sors de ma séance de jeu avec un sentiment de vide. Mon cerveau était tellement concentré que je suis énormément dans ma bulle. Je fixe le vide et semble avoir une vision tunnel. Il faut donc que je fasse attention de ne pas trop passer de temps sur une même activité. Une simple solution est de me mettre un chronomètre sur mon téléphone et de prendre des pauses régulières. 

Aussi, les médicaments m’aident à écouter davantage les autres. J’ai plus de facilité à écouter et à me concentrer quand une personne me parle et j’ai moins d’impulsivité. La baisse de mon impulsivité m’amène à moins couper la parole et à moins penser à 100 000 choses en même temps qu’on me parle. Avec mes médicaments, je suis plus facilement capable de penser avant de parler. Ce n’est pas que je suis incapable de le faire si je ne prends pas de médicament, c’est surtout que ça me demande beaucoup plus d’énergie. (Je t’invite à lire mon article sur l’énergie ICI.)

Je parle très positivement des médicaments, mais je vis avec plusieurs effets secondaires. J’en ai remarqué 3 plus significatifs dans mon cas. Premièrement, je me sens moins fun qu’avant. Je suis moins drôle et moins « énervé » dans mes relations sociales. Cela me dérange plus ou moins, mais c’est bizarre de voir que je parle beaucoup moins qu’avant. J’ai moins d’impulsivité. Deuxièmement, j’ai remarqué une baisse d’appétit. Elle est subtile. C’est comme si avec les médicaments, je ressens la faim, mais je l’ignore. J’ai une certaine indifférence. Troisièmement, parfois, ils me font sentir trop dans ma bulle. Je me sens fatigué et j’ai l’impression que mon attention est trop focus. Cela arrive surtout les journées où je suis en congé et que je ne travaille sur aucun projet. J’ai toute la concentration du monde, mais elle n’est utilisée pour rien qui la demande vraiment.

Alors, quoi faire?

Une pilule flexible

J’ai donc changé ma routine surtout pendant les vacances. Je ne les prends plus de façon quotidienne, mais seulement quand je travaille, je vais à l’école ou je veux la concentration pour un projet personnel. La journée que j’ai arrêté le méthylphénidate, j’ai senti comme si toute mon trouble d’inattention et mon impulsivité ressortaient d’un coup. Ce fut une journée particulièrement difficile. J’ai donc recommencé les médicaments en me disant que je ne suis pas fonctionnel sans eux. Ce n’est pas vrai. Il fallait juste une période de transition. Je suis rendu en mesure de les prendre une journée et de ne pas les prendre une autre journée sans trop de « problèmes ». Il y a des avantages et des désavantages, je décide maintenant lesquels je veux selon ma journée.

De cette manière, j’évite d’être sur mes médicaments pour « rien » et me retrouver trop concentré à ne rien faire. Cependant, je retrouve certaines de mes difficultés notamment au niveau de mon attention et de mon écoute. J’essaie de pratiquer du sport les journées que je ne suis pas médicamenté. Le sport remplace, en partie, certains aspects positifs que j’ai avec les médicaments, dont la concentration.

Aussi, quand je vis des périodes plus turbulentes dans ma vie, je recommence à les prendre en continu. Bref, mes médicaments sont un autre outil pour m’aider à gérer ma différence. Je ne crois pas qu’ils soient miraculeux, mais ils font une différence notable et ils sont utiles. Ils m’aident à passer des périodes plus difficile.

Après un an, je dirais que je recommande aux personnes avec un TDAH d’au moins essayer la médicamentation. Je ne suis pas un médecin, si cela vous a interpellé, prenez le temps d’en discuter avec un professionnel de la santé. Comme vous avez pu lire, pour moi, elle a aidé à plusieurs niveaux. J’ai appris à mieux me connaitre depuis mon diagnostic. Les médicaments m’ont aidé à me stabiliser pendant un temps. Je me sens maintenant fonctionnelle avec ou sans eux. J’ai au moins l’option maintenant. Je vous invite à partager votre expérience en commentaire et si vous avez des questions je peux aussi essayer d’y répondre. Merci de m’avoir lu.

 

PS : J’ajouterais que j’ai recommencé à la prendre quotidiennement, sans interruption, après plusieurs mois d’utilisation irrégulière. Les effets secondaires semblent se stabiliser avec le temps, et j’ai moins de difficulté avec les hyperfocus ainsi qu’à me sentir trop isolé dans ma bulle. J’ai décidé de reprendre de façon continue après avoir consulté de nouvelles informations sur le sujet. Je réalise qu’en la prenant régulièrement, je n’expérimente plus cette période de transition entre la prise et l’absence du médicament, ce qui était parfois difficile. Dans tous les cas, je vous recommande d’en discuter avec un médecin afin de trouver une solution qui vous convient.

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